Né Gilbert Bourgeaud le 7 avril 1929 à
Bordeaux, Bob Denard s’était converti à l’islam après s’être marié – il l’a été
sept fois aux Comores. Il avait fait ses armes en tant que mercenaire au début
des années 1960, dans l’ex-Zaïre, aux côtés de Moïse Tshombé, en qualité de
colonel de la gendarmerie de la République du Katanga. Il est également
intervenu au Biafra (Nigeria), en Angola, en Rhodésie (Zimbabwe), en Iran, au
Yémen et au Bénin. Dans ce dernier pays, Denard, anti-communiste convaincu,
avait tenté de renverser le président marxiste Mathieu Kérékou à la tête d’un
commando aéroporté. Un coup de force qui lui a valu une condamnation à mort, au
Bénin ; et une autre, en France, en 1993 : cinq ans de prison avec
sursis…
Les Comores étaient le terrain de jeu préféré
de l’ancien résistant français, devenu militaire de carrière jusqu’en 1952. A
la tête de la « garde présidentielle », il avait renversé le
président Ahmed Abdallah en 1975, date de l’indépendance de cette ancienne
colonie française, pour y installer son opposant Ali Soilih. Il réalisa
l’opération inverse trois ans plus tard.
Dans la nuit du 26 au 27 septembre 1995, il
avait débarqué aux Comores à la tête d’une trentaine d’hommes pour renverser le
président Saïd Djohar. Il avait placé Mohamed Taki et Saïd-Ali Kemal au
pouvoir, mais le 4 octobre, les forces françaises étaient intervenues pour
libérer le président Djohar et forcer les mercenaires à se rendre. Le jugement
avait pourtant estimé qu’il était « évident que les services secrets
français avait eu connaissance du projet de coup d’Etat conçu par Robert
Denard, de ses préparatifs et de son exécution (…) Il est tout aussi manifeste
qu’au moins ils n’avaient rien fait pour l’entraver et qu’ils l’avaient donc laissé
arriver à son terme. En conséquence, c’est que les responsables politiques
l’avaient nécessairement voulu aussi ».
Bob Denard, mercenaire adepte des coups tordus
qui se décrivait lui-même comme un serviteur de la République française, est
mort le samedi 13 Octobre 2007 à l’âge de 78 ans, selon une annonce faite
dimanche par sa sœur Georgette Garnier. La justice l’avait condamné en appel à
quatre ans de prison dont trois avec sursis, en juillet dernier, pour le coup
d’Etat raté réalisé en 1995 dans l’archipel des Comores. Jugé en 2006, au terme
d’une instruction de dix ans, il avait dans un premier temps écopé de cinq ans
de prison avec sursis pour délit « d’association de malfaiteurs en vue de
la préparation d’un crime ». Déjà affaibli par la maladie Alzheimer,
il n’avait pas assisté au procès.
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