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L'espoir est encore permis |
La situation qui prévaut actuellement au Bénin prend une
allure inquiétante. Sans être alarmiste encore moins oiseau de mauvaise augure,
il faudrait prendre au sérieux les différentes positions sur lesquelles campent
opérateurs économiques, juristes , syndicalistes, politiciens et
gouvernement, chacun en ce qui le concerne. Tout porte à croire que les uns ne
sont pas prêts à faire des concessions ; les autres décidés à jouer aux
jusqu’au-boutistes. Tous se regardent en chien de faïence !
Un tableau pas reluisant
Les opérateurs économiques voire même le secteur privé n’est
pas en odeur de sainteté avec le gouvernement. Point n’est besoin de rappeler
que l’affaire Patrice Talon et ses corollaires en sont pour beaucoup dans cette
crise. Il apparaît clairement à ce jour, que l’économie du pays en est
tributaire. Nous en voulons pour preuve le rang qu’occupe notre pays dans les
différents classements économiques dans la sous-région et dans le reste du
monde. Certains fatalistes trouvent une explication à travers le contexte de la
crise économique qui n’a épargné aucune économie… Même s’il est vrai que les
performances économiques du Bénin ne devront pas être analysées sans prendre en
compte ce contexte, il n’en demeure pas moins que nous aurions pu mieux faire
et changer la donne. Mais malheureusement des questions d’intérêts et de
conflits personnels nous y en ont empêché.
Le secteur de la justice
a eu aussi son lot dans cet imbroglio. Le cas du juge Angelo Houssou , la
grève de l’Unamab , le cas récent du procureur Gbènamèto dans une certaine
mesure, etc confortent justement cette
thèse. L’état de droit désormais n’est
réel que sur le papier. Quand le béninois lambda ne peut plus avoir confiance
en la justice de son pays ; quand celle-ci est en proie à de sérieuses
affaires de corruption, et bien la justice apparait malheureusement comme une
coquille, donc vidée de tout son sens.
Les syndicalistes, partenaires sociaux de l’exécutif, ne
démordent pas quant à leur mouvement de débrayage. Comme si l’administration
publique n’est pas suffisamment paralysée avec 48h voire 72h de grève, le
débrayage pourrait passer à 96h dans les jours à venir. La répression sanglante
de la marche du vendredi 27 Décembre 2013 en est la principale motivation.
Le volet politique n’est plus à présenter tant il a toujours
déchaîné les passions. Le rejet du budget de l’Etat exercice 2014 par les
députés est apparu comme un signal fort de réveil d’une classe politique
longtemps tenu en bride. Et quand l’oiseau échappe au filet de l’oiseauleur… Le
gouvernement quant à lui semble faire fie de tous ces précédents et fonce tête
baissée.
On assiste ainsi à une
sorte de radicalisation des forces en présence. Chaque partie campe sur sa position
et n’entend pas lâcher du lest. C’est malheureusement là un tableau assez
sombre que présente le Bénin et ce sont les
Béninois qui en feront certainement les frais.
Boni YAYI pour sauver les meubles
A y voir de près, le pire peut être évité pendant qu’il est
encore temps. Il nous paraît assez judicieux d’éviter une sorte de radicalisation.
Le gouvernement avec à sa tête son chef gagnerait à jouer la carte de l’apaisement
et du rassemblement. Ses sbires devront calmer leurs ardeurs et penser à l’intérêt
supérieur de la nation. Les discours belliqueux empreints de régionalisme auxquels
se livrent certaines personnes surtout proches du pouvoir ne servent à rien. En
de pareilles circonstances, le dialogue devrait primer. Un regard dans le
rétroviseur vers les fondamentaux de la démocratie ferait du bien à la nation
toute entière. Boni YAYI en fin de mandat n’a aucun intérêt à léguer à son
successeur et au peuple béninois un héritage en décrépitude à la limite en lambeaux.
Il apparait donc comme le seul à même de résoudre cette crise sournoise mais aux
allures dévastatrices s’y on y prend garde. Le chef de l’état devrait surpasser
certains clivages et postures de «revenchard » et faire place à la raison,
celle là même qui motivèrent les pères fondateurs de notre démocratie et dont
ils pouvaient s’en féliciter. Une conférence bis des forces vives de la nation
est envisageable. Boni YAYI peut et doit sauver les meubles alors qu’il est
encore possible. En 2006, il est apparu pour la majorité des béninois comme le « messie ».
Il devait s’en rappeler et prouver toute la légitimité de cette allégation même
si les données ont radicalement changé aujourd’hui. Les autres acteurs de la
vie économique, sociale et politique devaient en faire autant. C’est bien du
Bénin, notre commune patrie qu’il s’agit.
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