jeudi 23 janvier 2014

Place des femmes au sein des médias au Sénégal :La portion congrue .

Tidiane Kassé
« La place des femmes au sein des médias au Sénégal », le sujet était au cœur d’une conférence débat ce mercredi au CESTI. Sur initiative de l’ONG international Article 19, le journaliste sénégalais Tidiane Kassé a présenté le rapport d’une étude monitoring  axé sur les femmes et les médias au Sénégal. Ce fut un moment d’échanges et de partage d’expériences des stéréotypes et clichés conçus au sujet  des femmes au sein des médias.

 La rencontre s’est voulu un creuset d’échanges et de restitution  des travaux de recherche du journaliste Tidiane Kassé. Il a présenté son rapport de monitoring au sujet de la place des femmes dans les médias au Sénégal. D’entrée, le conférencier a tenu à préciser la méthodologie utilisée pour parvenir à ce travail de recherche. Deux(2) pilliers ont été privilégiés : une approche quantitative et une autre qualitative. Dans la première, Tidiane Kassé s’est appesanti sur l’espace consacrée aux femmes dans les médias ; quant à la procédure qualitative , elle a consisté à mettre le focus sur la qualité des productions de presse qui touchent directement les femmes. Ces travaux de recherche ont été circonscrits dans la période de Mars –Avril 2013. Ils visaient essentiellement à mettre en exergue la perception que véhiculent les médias au sujet des questions du genre.
Objets plutôt que sujets
« On parle souvent des femmes dans les médias ; elles sont objet et non sujet de l’information dans les médias » a indiqué le conférencier. Une assertion qui vient conforter les stéréotypes et autres clichés déjà existants au sujet des femmes dans la société sénégalaise. En effet, une certaine portion congrue est réservée à ces dernières non seulement quand il s’agit de leur représentativité au sein des médias mais aussi et surtout du traitement dont elles sont victimes dans le traitement de l’information. Parlant de leur représentativité, les femmes sont en général quasiment absentes dans les sphères de décisions au Sénégal. La presse quant à elle n’échappe pas à cette stigmatisation faite aux femmes. Dans les rédactions c’est la portion congrue qui leur est réservée. Généralement, elles sont confinées dans les second rôles et donc reléguées au second plan : pas de poste de responsabilités pour elles, absentes sur des positions de reportages de sujets de grande envergure , …
Les femmes sont presque réduites au silence quant aux traitements que les médias font des sujets les concernant. Elles y apparaissent comme des sujets de moindre importance, sans intérêt et donc comme des sujets mineurs. Et même quand ces dernières sont  présentes dans la presse elles sont reléguées dans les faits divers et de société et /ou présentées comme victimes. « Ces dernières n’interviennent que quand elles sont victimes ou plaignantes » a fait remarquer M. Kassé. Ainsi, le conférencier a révélé à travers son monitoring que le traitement des sujets qui touchent les femmes est en général biaisé et n’est pas de nature à  les rendre visible au sein d’une société déjà campée par des stéréotypes au sujet de la gente féminine.
Les femmes pour inverser la tendance ?

Au cours des échanges, les femmes sont apparues comme étant victimes d’une forme de violence dans les médias ; tant au niveau de leur représentativité qu’au plan du traitement qui leur est réservé au sein des médias. Des questions et autres contributions de nature à parfaire l’étude de monitoring  de M. Kassé ont suggéré quelques pistes encore explorables pour ce qui est de la visibilité de la femme au sein des médias au Sénégal. Entre autres, il s’agit de la place que les femmes elles-mêmes accordent à leur personnalité. « Qui mieux que les femmes pour changer cette perception que les hommes ont d’elles » a lancé Sene Koudou, une étudiante du CESTI présente à cette rencontre. Voilà qui montre que les femmes devront elles mêmes prendre leur destin en main, c’est-à-dire prendre à bras le corps cette lutte qui doit se mener en vue de redorer l’image de la femme au sein des médias au Sénégal. Les femmes loin de rester d’éternelles victimes devront travailler à se refaire une autre image. Leur implication doit se faire plus remarquable si elles veulent passer d’objet à sujet de l’information. L’espoir est permis et elles doivent y croire.

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